Engager des réfugiés ukrainiens : cinq conseils pour bien agir

En proposant du travail aux réfugiés ukrainiens, nous les aiderons de manière durable.

Nous souhaitons inspirer les employeurs et les inciter à engager des réfugiés ukrainiens maintenant. C’est utile sur le plan économique et nécessaire en premier lieu pour les personnes réfugiées elles-mêmes. En leur proposant du travail, nous les aiderons de manière durable.

La guerre en Ukraine et l’afflux de millions de personnes a fait naître un énorme mouvement de solidarité dans les pays européens. En Belgique comme ailleurs, beaucoup se sont montrés prêts à offrir un logement aux réfugiés et ont organisé spontanément des actions de collecte, sans oublier la soirée « 12-12 » diffusée en commun par les principales chaînes de télévision en Flandre. Il n’en va pas autrement pour les entreprises : elles aussi peuvent répondre à cette urgence de « faire quelque chose ».

Car les employeurs sont en mesure d’agir de manière particulièrement efficace, à savoir en proposant du travail. Un travail donne à la personne concernée une autonomie financière, mais aussi de l’estime de soi et de la dignité. Dans le cas spécifique des réfugiés de guerre, le travail structure la journée et évite de ressasser le malheur ou les problèmes, comme l’école pourra le faire pour leurs enfants. Avoir un travail est ainsi un facteur essentiel dans la construction d’une nouvelle vie et est susceptible d’aider les Ukrainiens réfugiés à trouver une place dans notre pays. Même à court terme, travailler est la clé d’une bonne intégration.

1) Employer des réfugiés ukrainiens est simple sur le plan administratif...

Fait important : les règles applicables aux travailleurs ukrainiens sont assimilées à celles valant pour les travailleurs de l’Union européenne. Le Conseil européen a pris une décision d’exécution en ce sens le 4 mars 2022, dite de protection temporaire pour les personnes fuyant la guerre. Cette décision simplifie considérablement les procédures administratives, tant pour le travailleur que pour l’employeur.

2) … mais demande plus qu’une simple approche administrative

Recruter ne se limite bien sûr pas au volet administratif : tout commence par l’acceptation en interne. Outre le gérant, le chef d’entreprise ou le CEO, de qui émanera sans doute l’initiative d’engager des réfugiés ukrainiens, il est important que les chefs d’équipe ou autres responsables, et, par extension, l’ensemble de l’organisation, soient convaincus de l’utilité et de la valeur de ces collaborateurs venus de l’étranger. Grâce à l’adhésion de tous à ce principe, les nouveaux travailleurs se sentiront accueillis correctement dans une ambiance où ils sont les bienvenus.

3) Tirez parti des compétences

Si l’on se réfère à l’expérience des pays voisins de l’Ukraine – la Pologne et la Roumanie –, le niveau de formation et de qualification de la population ukrainienne est en général bon. On songe notamment aux emplois dans la production, la construction ou les fonctions techniques, qui sont souvent chez nous des métiers en pénurie : il ne faut donc pas créer de nouveaux postes, puisqu’on peine déjà à pourvoir ceux qui existent. Or, il y a sans doute dans la population arrivante des travailleurs ayant les compétences voulues, et qui voudraient les utiliser chez nous – sinon immédiatement à plein temps, en tout cas à mi-temps.

4) Soyez créatif dans la communication

Si la langue peut constituer une barrière, elle peut tout aussi bien être une opportunité. Le nouveau venu travaille sans doute déjà son néerlandais, mais parler et comprendre à un niveau qui permette une bonne collaboration demande un certain temps. Dans l’intervalle, il s’agit de progresser ensemble d’une manière qui soit la plus efficace et souple possible. Dans les entreprises flamandes, la connaissance de l’anglais suffit aujourd’hui souvent aux travailleurs étrangers – quant à leurs collègues belges, cela peut d’ailleurs être pour eux une occasion d’exercer leur propre anglais.

D’expérience, on sait que la présence d’éléments visuels peut éviter bien des malentendus. C’est particulièrement important lorsqu’il s’agit de sécurité et d’autres instructions essentielles : prévoyez donc des pictogrammes sur les lieux de travail. Nous conseillons également de faire apprendre quelques mots d’ukrainien – instructions importantes, mais aussi « bonjour » et « merci » – aux collègues directs et aux responsables en contact direct avec les nouvelles recrues. Cela a un effet positif, témoigne d’une volonté mutuelle et commune de bien faire, et est une source de motivation pour les deux parties.

Si le travail le permet, affectez autant que possible les nouveaux travailleurs ukrainiens dans des équipes comptant des compatriotes. On crée ainsi un « environnement de confiance » où les collègues peuvent s’entraider et se soutenir les uns les autres, ou simplement se « poser » par la possibilité de bavarder dans leur langue de temps à autre. Parfois, il sera nécessaire de faire appel à un interprète, via le CPAS ou en faisant travailler un employé ukrainien bilingue avec un compatriote qui ne maîtrise pas encore la langue du pays, et qui pourra servir de relais.

5) Prévoyez un coaching – au travail et en dehors

De même, il ne faut pas perdre de vue les difficultés en dehors du travail : il est donc utile de recherche en interne un coach qui pourra accompagner le nouveau venu dans son processus d’intégration. Par exemple, toute une série de démarches administratives ne sont déjà pas simples pour beaucoup de Belges, et le seront d’autant moins pour un arrivant qui ne maîtrise que peu ou pas du tout la langue du pays. De plus, la plupart des documents administratifs se traitent en Belgique sous forme électronique, ce qui est loin d’être toujours le cas ailleurs. Se faire aider pour le bail, les impôts ou l’assurance maladie, ou même pour se connecter à la plate-forme Smartschool : ce sont autant de petits gestes précieux pour le nouveau venu. Au-delà des démarches administratives, certains gestes de soutien fonctionnel – une mise en contact avec un médecin, un dentiste ou un psychologue par exemple – seront autant de coups de pouce bienvenus pour faciliter le processus d’intégration.

Comme on le voit, les employeurs désireux de contribuer à un accueil de qualité sont bien placés pour le faire. Et s’ils agissent d’emblée d’une façon correcte et effective, le résultat n’en sera que plus durable et l’accueil plus chaleureux.